Les compositeurs de musiques de films façonnent des pistes audio dont l’essence est d’accompagner des séquences vidéo. Certaines d’entre elles prennent pour objectif de renforcer l’immersion du spectateur-auditeur dans une ambiance « exotique », c’est-à-dire une ambiance « qui (dans la perception occidentale) est perçue comme étrange et lointaine et stimule l’imagination » (Le Robert). Si la music...ologie s’est intéressée aux compositions exotiques des Orientalistes des XIXe et XXe siècles (Jean-Pierre Bartoli, Yves Defrance, Ralph P. Locke, Derek B. Scott, etc.), elle néglige encore celles des compositeurs de musiques de films, bien que certains chercheurs aient abordé le sujet (Nasser Al-Taee, Ilario Meandri). À l’heure où les blockbusters hollywoodiens touchent des millions de personnes à travers le monde chaque jour, il apparaît pertinent d’analyser les procédés compositionnels que les équipes responsables de la création de leurs bandes originales emploient pour évoquer une culture étrangère aux Occidentaux. Ces procédés compositionnels participent à la représentation musicale que se font les spectateurs-auditeurs des cultures concernées.
Le musicologue qui procède à une telle analyse peut-il se contenter d’emprunter les méthodes précédemment usitées pour analyser les créations orientalistes des XIXe et XXe siècles? Il ne peut ignorer certaines notions telles que, par exemple, celles de « signaux musicaux », d’« emprunt adapté » ou de «re-création pseudo-authentique» exposées par Jean-Pierre Bartoli (1997). Elles apparaissent indispensables à la bonne compréhension des procédés compositionnels de cet exotisme musical cinématographique qui, en réalité, présente de nombreux points communs avec celui des Orientalistes. Néanmoins, le musicologue ne doit pas négliger la relation qu’entretiennent l’image et la musique. Il peut s’appuyer sur les méthodes présentées par les spécialistes de la musique de film (Jérôme Rossi, Cécile Carayol, Stephen C. Meyer, Michel Chion, etc.) pour une analyse pertinente de cet aspect propre aux musiques d’écran. En définitive, le musicologue semble contraint d’élaborer une méthode unique qui résulte de la conjugaison de multiples méthodes. Peut-il outrepasser cette contrainte ?
Adrien Malemprez aborde la question à travers l’exemple de l’analyse des procédés compositionnels de représentation et d’évo- cation du monde arabe dans la musique de film hollywoodienne. Dans le cadre de sa recherche doctorale, intitulée Représentation et évocation du monde arabe dans l’exotisme musical contemporain : examen et développement des processus compositionnels, il met au jour une méthode personnelle et adaptée à son objet d’étude.
Licence
Creative Commons Attribution Non Commercial No Derivatives 4.0 International (CC-BY-NC-ND-4.0)nakala:title | Français | 1.3. L’exotisme musical cinématographique : méthodes d’analyse et problématiques | |
Anglais | 1.3. Musical Exoticism in Cinema: Analysis Methods and Issues | ||
nakala:creator | Adrien Malemprez | ||
nakala:created | 2023-03-29 | ||
nakala:type | dcterms:URI | Vidéo | |
nakala:license | Creative Commons Attribution Non Commercial No Derivatives 4.0 International (CC-BY-NC-ND-4.0) | ||
dcterms:description | Français |
Les compositeurs de musiques de films façonnent des pistes audio dont l’essence est d’accompagner des séquences vidéo. Certaines d’entre elles prennent pour objectif de renforcer l’immersion du spectateur-auditeur dans une ambiance « exotique », c’est-à-dire une ambiance « qui (dans la perception occidentale) est perçue comme étrange et lointaine et stimule l’imagination » (Le Robert). Si la musicologie s’est intéressée aux compositions exotiques des Orientalistes des XIXe et XXe siècles (Jean-Pierre Bartoli, Yves Defrance, Ralph P. Locke, Derek B. Scott, etc.), elle néglige encore celles des compositeurs de musiques de films, bien que certains chercheurs aient abordé le sujet (Nasser Al-Taee, Ilario Meandri). À l’heure où les blockbusters hollywoodiens touchent des millions de personnes à travers le monde chaque jour, il apparaît pertinent d’analyser les procédés compositionnels que les équipes responsables de la création de leurs bandes originales emploient pour évoquer une culture étrangère aux Occidentaux. Ces procédés compositionnels participent à la représentation musicale que se font les spectateurs-auditeurs des cultures concernées. Le musicologue qui procède à une telle analyse peut-il se contenter d’emprunter les méthodes précédemment usitées pour analyser les créations orientalistes des XIXe et XXe siècles? Il ne peut ignorer certaines notions telles que, par exemple, celles de « signaux musicaux », d’« emprunt adapté » ou de «re-création pseudo-authentique» exposées par Jean-Pierre Bartoli (1997). Elles apparaissent indispensables à la bonne compréhension des procédés compositionnels de cet exotisme musical cinématographique qui, en réalité, présente de nombreux points communs avec celui des Orientalistes. Néanmoins, le musicologue ne doit pas négliger la relation qu’entretiennent l’image et la musique. Il peut s’appuyer sur les méthodes présentées par les spécialistes de la musique de film (Jérôme Rossi, Cécile Carayol, Stephen C. Meyer, Michel Chion, etc.) pour une analyse pertinente de cet aspect propre aux musiques d’écran. En définitive, le musicologue semble contraint d’élaborer une méthode unique qui résulte de la conjugaison de multiples méthodes. Peut-il outrepasser cette contrainte ? Adrien Malemprez aborde la question à travers l’exemple de l’analyse des procédés compositionnels de représentation et d’évo- cation du monde arabe dans la musique de film hollywoodienne. Dans le cadre de sa recherche doctorale, intitulée Représentation et évocation du monde arabe dans l’exotisme musical contemporain : examen et développement des processus compositionnels, il met au jour une méthode personnelle et adaptée à son objet d’étude. |
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Anglais | Film music composers create audio tracks whose essence is to accompany video sequences. Some of them are intended to enhance the immersion of the viewer-listener in an “exotic” atmosphere, i.e. an atmosphere “which (in Western perception) is perceived as strange and distant and stimulates the imagination” (Le Robert). While musicology has been interested in the exotic compositions of 19th and 20th century Orientalists (Jean- Pierre Bartoli, Yves Defrance, Ralph P. Locke, Derek B. Scott, etc.), it still neglects those of film music composers, although some researchers have tackled the subject (Nasser Al-Taee, Ilario Meandri). At a time when Hollywood blockbusters reach millions of people around the world every day, it seems relevant to analyse the compositional processes that the teams responsible for creating their soundtracks employ to evoke a culture that is foreign to Westerners. These compositional processes contribute to the musical representation of the cultures concerned by the audience. Can the musicologist who carries out such an analysis simply borrow the methods previously used to analyse Orientalist creations of the 19th and 20th centuries? He cannot ignore certain notions such as, for example, those of “musical signals”, “adapted borrowing” or “pseudo-authentic re-creation” as outlined by Jean-Pierre Bartoli (Bartoli 1997). They appear to be indispensable for a proper understanding of the compositional processes of this cinematographic musical exoticism, which in fact has many points in common with that of the Orientalists. Nevertheless, the musicologist must not neglect the relationship between image and music. He can rely on the methods presented by film music specialists (Jérôme Rossi, Cécile Carayol, Stephen C. Meyer, Michel Chion, etc.) for a pertinent analysis of this aspect specific to screen music. In the end, the musicologist seems to be forced to develop a single method that results from the combination of multiple methods. Can he overcome this constraint? Adrien Malemprez addresses this question through the example of the analysis of compositional processes of representation and evocation of the Arab world in Hollywood film music. In the context of his doctoral research, entitled Representation and evocation of the Arab world in contemporary musical exoticism: examination and development of compositional processes, he reveals a personal method adapted to his object of study. | ||
dcterms:language | français |