Les signes de la douleur corporelle EN | FR

DOI : 10.34847/nkl.ebca0lr4 Publique
Auteurs : Géraldine Berger et Marin Cureau de La Chambre
FR | EN

Texte de Cureau de La Chambre lu par Géraldine Berger.
Enregistrement : service PAVM | DNUM de l’Université Jean Moulin Lyon 3 dans le cadre du webdocumentaire https://medecin-et-douleur-16e18e.huma-num.fr/

Introduction (Raphaële Andrault et Ariane Bayle) :
Marin Cureau de La Chambre, médecin ordinaire de Louis XIV, est l’auteur du livre Les caractères de la douleur (1659) où il relève tous ...les « caractères », ou signes, qui particularisent cette « passion ». Il brosse ici le portrait type d’un patient douloureux. Selon les moments, ce dernier peut soit manifester violemment sa douleur, soit être alangui et quasi-silencieux. Si la douleur corporelle n’a en général pas les mêmes signes que la tristesse, ou « douleur de l’âme », il arrive souvent que les deux soient mêlées car « le mal est si contagieux de sa nature qu’il passe ordinairement du corps à l’esprit et de l’esprit au corps ». Le tableau des signes de la douleur est donc plus complexe, contrasté et variable qu’il ne semble ici.

Texte (Cureau de La Chambre):
DESCRIPTION DE LA DOULEUR CORPORELLE

Quand donc un homme se sent attaqué d’une Douleur violente, il jette d’abord un haut cri qu’il fait sortir du fond de son estomac avec un souffle et une aspiration véhémente. Et après quelques sanglots qui coupent sa respiration, il recommence à crier avec des éclats de voix plus longs et plus aigus qu’auparavant, et continue ainsi jusques à ce qu’il ait perdu la force et l’haleine.
Cependant il porte les yeux et les mains sur la partie où il sent le mal, il la tâte, il la presse. Et si elle lui laisse la liberté de se mouvoir, il se courbe et se plie en cent façons, il se tourne d’un côté et d’autre, il s’assied et se relève en même temps, il va, il vient, il court et ne peut demeurer en une même place.
À mesure que sa Douleur s’irrite, et qu’elle a des élancements qui la rendent plus piquante, il fait connaître le sentiment qu’il en a par des cris plus forts et plus courts, qu’il redouble souvent avec tant de promptitude, qu’ils semblent rouler l’un sur l’autre, et que ce soient des abois ou des hurlements plutôt que des cris humains.
Alors on voit son visage qui rougit et se renfrogne, ses bras qui se raidissent, ses mains qui tremblent. Il grince les dents, il ferme les poings et serre les coudes contre les côtés. Tantôt sa respiration est prompte et fréquente, tantôt elle est lente et longue, qu’il change parfois en un souffle véhément ou en une grande aspiration, et qu’il coupe parfois avec des soupirs lugubres, des sanglots ou des frémissements, mais très souvent il retient son haleine et la laisse après échapper avec un gémissement forcé.
En cet état, ses yeux paraissent tantôt hagards et égarés, tantôt tristes et languissants.

Réf. : Marin Cureau de La Chambre, Les charactères de la douleur [1659] dans Charactères des passions, t. IV, Paris, chez Jacques d’Allin, 1662, p. 31-32.

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Cette donnée est dérivée de 10.34847/nkl.f041850a
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Déposée par Raphaele Andrault le 15/12/2021
nakala:title Anglais The Signs of Bodily Pain
Français Les signes de la douleur corporelle
nakala:creator Géraldine Berger et Marin Cureau de La Chambre
nakala:created 2020
nakala:type dcterms:URI Son
nakala:license Creative Commons Attribution 4.0 International (CC-BY-4.0)
dcterms:description Français Texte de Cureau de La Chambre lu par Géraldine Berger.
Enregistrement : service PAVM | DNUM de l’Université Jean Moulin Lyon 3 dans le cadre du webdocumentaire https://medecin-et-douleur-16e18e.huma-num.fr/

Introduction (Raphaële Andrault et Ariane Bayle) :
Marin Cureau de La Chambre, médecin ordinaire de Louis XIV, est l’auteur du livre Les caractères de la douleur (1659) où il relève tous les « caractères », ou signes, qui particularisent cette « passion ». Il brosse ici le portrait type d’un patient douloureux. Selon les moments, ce dernier peut soit manifester violemment sa douleur, soit être alangui et quasi-silencieux. Si la douleur corporelle n’a en général pas les mêmes signes que la tristesse, ou « douleur de l’âme », il arrive souvent que les deux soient mêlées car « le mal est si contagieux de sa nature qu’il passe ordinairement du corps à l’esprit et de l’esprit au corps ». Le tableau des signes de la douleur est donc plus complexe, contrasté et variable qu’il ne semble ici.

Texte (Cureau de La Chambre):
DESCRIPTION DE LA DOULEUR CORPORELLE

Quand donc un homme se sent attaqué d’une Douleur violente, il jette d’abord un haut cri qu’il fait sortir du fond de son estomac avec un souffle et une aspiration véhémente. Et après quelques sanglots qui coupent sa respiration, il recommence à crier avec des éclats de voix plus longs et plus aigus qu’auparavant, et continue ainsi jusques à ce qu’il ait perdu la force et l’haleine.
Cependant il porte les yeux et les mains sur la partie où il sent le mal, il la tâte, il la presse. Et si elle lui laisse la liberté de se mouvoir, il se courbe et se plie en cent façons, il se tourne d’un côté et d’autre, il s’assied et se relève en même temps, il va, il vient, il court et ne peut demeurer en une même place.
À mesure que sa Douleur s’irrite, et qu’elle a des élancements qui la rendent plus piquante, il fait connaître le sentiment qu’il en a par des cris plus forts et plus courts, qu’il redouble souvent avec tant de promptitude, qu’ils semblent rouler l’un sur l’autre, et que ce soient des abois ou des hurlements plutôt que des cris humains.
Alors on voit son visage qui rougit et se renfrogne, ses bras qui se raidissent, ses mains qui tremblent. Il grince les dents, il ferme les poings et serre les coudes contre les côtés. Tantôt sa respiration est prompte et fréquente, tantôt elle est lente et longue, qu’il change parfois en un souffle véhément ou en une grande aspiration, et qu’il coupe parfois avec des soupirs lugubres, des sanglots ou des frémissements, mais très souvent il retient son haleine et la laisse après échapper avec un gémissement forcé.
En cet état, ses yeux paraissent tantôt hagards et égarés, tantôt tristes et languissants.

Réf. : Marin Cureau de La Chambre, Les charactères de la douleur [1659] dans Charactères des passions, t. IV, Paris, chez Jacques d’Allin, 1662, p. 31-32.
Anglais https://medecin-et-douleur-16e18e.huma-num.fr/en/excerpts

Introduction (Raphaële Andrault et Ariane Bayle, translated by Sarah Novak):
Marin Cureau de La Chambre, Physician in Ordinary to Louis XIV, is the author of the book Les caractères de la douleur [The Characters of Pain] (1659), in which he notes all the “characters” or particular signs of this “passion”. In this passage, he describes a typical patient in pain. At different moments, the patient may either express his pain violently or become languid and almost mute. While bodily pain generally does not have the same indicators as sadness, or “pain of the soul”, it is often the case that the two are mixed together because “the evil is so contagious in its nature that it usually passes from body to mind and from mind to body.” The illustration of all the signs of pain is therefore more complex, contrasting and variable than it appears here.

Ref: Marin Cureau de La Chambre, Les charactères de la douleur [1659], in Charactères des passions, t. IV, Paris, chez Jacques d’Allin, 1662, p. 31-32.
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dcterms:subject Français Douleur
Français histoire de la médecine
Français Cureau de La Chambre
Anglais Pain
Anglais history of medicine
Anglais Cureau de La Chambre