Lettre de Jean-Antoine-Hubert Roudil de Berriac à Jean-François Séguier, 1771-02-25
[transcription] Carcassonne le 25 février 1771.
Il s'écoulera peut-être, Monsieur et cher ami, un temps considérable avant que j'ai occasion de faire imprimer une petite dissertation sur les monuments de Galatie. Ainsi, je vous prie de la relire à votre plus grand loisir.
Je suis très aise que le voyage de Sibérie par M. l'abbé Chappe vous paaraisse intéressant. J'ai lu autrefois dans la Gazette... littéraire la traduction d'un essai sur l'histoire naturelle du Kamchatka par des académiciens de Petersbourg envoyés par la Czarine pour examiner ce pays. Cet essai contient des observations curieuses et la description que M. Chappe a publiée en renferme sans doute de plus étendues. Quand vous aurez fini de lire cet ouvrage, je le parcourai avec plaisir mais je vous répète et je vous supplie de ne pas vous presser.
J'avais fait remettre à M. Pinel, qui possède des médailles anciennes et modernes dont la plupart ont été trouvées en creusant autour de cette ville, un mémoire pour le prier d'examiner s'il aa dans sa collection une médaille pareille ou semblable à celle que vous décrivez dans votre lettre. Il n'en a trouvé aucune et m'en a communiquées deux qui n'ont qu'un rapport fort éloigné aavec celles que vous souhaiteriez et qui ne paraissent pas même avoir été frappées à Carcassonne. L'une a quatre croissant dans un cercle intérieur sans légende. Au revers (voir dessin). L'autre est mieux conservée. On y voit une croix dans un cercle formé de points. Au revers (voir dessin) Les légendes des deux faces sont gothiques et je n'ai pas su les déchiffrer mais il n'y a rien qui ressemble au nom de Carcassonne. Ces deux médailles sont d'argent et si vous souhaitez les voir de plus près je pourrai aisément vous les procurer. On fait actuellement des remblais autour des murs de la ville. J'ai demandé sous promesse d'étrenne aux ouvriers employés qu'on m'apportât tout ce qu'on trouverait de curieux ou d'antique en remuant les terres, mais jusqu'ici ma vigilance et mon zéle n'ont rien produit. Si je suis heureux désormais vous serez [fol. 250 v] exactement informé de nos petites découvertes. Je ne perdrai pas de vue la recherche des médailles de Caarcassonne et je garde votre dernière lettre comme toutes les a utres que vous m'avez fait l'amitié de m'écrire pour en retrouver les descriptions au besoin.
J'ai l'honneur d'être avec le plus invincible attachement, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur
Roudil de Berriac
On a acheté pour moi à Aix les trois volumes in folio des commentaires de Tistan de Saint-Amans sur les médailles impériales et les Antiquitates Galliae de M. Maffei le tout 42 lt.