Les morsures invisibles de la goutte FR | EN

DOI : 10.34847/nkl.72c82v34 Publique
Auteurs : Thomas Rortais et Thomas Sydenham
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Texte de Thomas Sydenham lu par Thomas Rortais.
Enregistrement : service PAVM | DNUM de l’Université Jean Moulin Lyon 3 dans le cadre du webdocumentaire https://medecin-et-douleur-16e18e.huma-num.fr/

Introduction (Raphaële Andrault et Ariane Bayle) :
Le médecin anglais Thomas Sydenham a publié en 1683 un Traité sur la goutte, maladie chronique dont il fut lui-même affligé pendant plusieurs d...écennies. Il décrit ici ses symptômes en donnant un portrait type de l’état du patient. Il insiste sur l’absence de trace que laisse la douleur qui a pourtant durement « attaqué le pied » quelques jours avant.

Texte (Thomas Sydenham) :
La douleur qui d’abord est supportable, devient par degrés plus fâcheuse, et, à mesure qu’elle augmente, le froid et le tremblement diminuent. Cela dure ainsi tout le jour, jusqu’à ce qu’enfin vers le soir la douleur parvient à son plus haut point, s’accommodant aux différents os du tarse et du métatarse, dont elle attaque les ligaments. Cette douleur ressemble tantôt à une tension violente, ou à un déchirement des ligaments, tantôt à celle que cause la morsure d’un chien, et quelquefois à celle qui est produite par une violente compression. De plus, la partie affligée ressent une douleur si vive, qu’elle ne peut seulement supporter le poids de la couverture, ni qu’on marche un peu fortement dans la chambre. Le malade s’agite continuellement, et fait mille efforts pour donner une autre situation, tant à tout son corps qu’à la partie affectée.
Mais c’est inutilement qu’il cherche à apaiser la douleur ; elle ne cesse que vers les deux ou trois heures du matin, après que l’accès a duré l’espace d’un jour et d’une nuit. Alors l’humeur peccante étant un peu digérée et dissipée, le malade se trouve soulagé tout à coup, soulagement qu’il attribue mal à propos à la situation où il a mis en dernier lieu la partie souffrante. Il lui prend ensuite une douce moiteur, et il se laisse aller au sommeil.
[…]
Peu de jours après, l’autre pied se trouve attaqué d’une douleur toute semblable, et avec les mêmes symptômes ; et quand elle est fort violente, il ne reste plus ni douleur, ni faiblesse au pied qui a souffert le premier, et il se trouve dans le même état que s’il n’avait jamais souffert.

Réf. : Thomas Sydenham, Traité de la goutte [1683], dans Médecine pratique de Sydenham avec des notes, trad. du latin par A. F. Jault, Paris, chez Didot le jeune, 1774, p. 444-445.

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ID : 10.34847/nkl.72c82v34/4994c1d3d5f571e2e53228005c7beb807055751c

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Cette donnée est dérivée de 10.34847/nkl.f041850a
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Déposée par Raphaele Andrault le 15/12/2021
nakala:title Français Les morsures invisibles de la goutte
Anglais The Invisible Teeth of Gout
nakala:creator Thomas Rortais et Thomas Sydenham
nakala:created 2020
nakala:type dcterms:URI Son
nakala:license Creative Commons Attribution 4.0 International (CC-BY-4.0)
dcterms:description Français Texte de Thomas Sydenham lu par Thomas Rortais.
Enregistrement : service PAVM | DNUM de l’Université Jean Moulin Lyon 3 dans le cadre du webdocumentaire https://medecin-et-douleur-16e18e.huma-num.fr/

Introduction (Raphaële Andrault et Ariane Bayle) :
Le médecin anglais Thomas Sydenham a publié en 1683 un Traité sur la goutte, maladie chronique dont il fut lui-même affligé pendant plusieurs décennies. Il décrit ici ses symptômes en donnant un portrait type de l’état du patient. Il insiste sur l’absence de trace que laisse la douleur qui a pourtant durement « attaqué le pied » quelques jours avant.

Texte (Thomas Sydenham) :
La douleur qui d’abord est supportable, devient par degrés plus fâcheuse, et, à mesure qu’elle augmente, le froid et le tremblement diminuent. Cela dure ainsi tout le jour, jusqu’à ce qu’enfin vers le soir la douleur parvient à son plus haut point, s’accommodant aux différents os du tarse et du métatarse, dont elle attaque les ligaments. Cette douleur ressemble tantôt à une tension violente, ou à un déchirement des ligaments, tantôt à celle que cause la morsure d’un chien, et quelquefois à celle qui est produite par une violente compression. De plus, la partie affligée ressent une douleur si vive, qu’elle ne peut seulement supporter le poids de la couverture, ni qu’on marche un peu fortement dans la chambre. Le malade s’agite continuellement, et fait mille efforts pour donner une autre situation, tant à tout son corps qu’à la partie affectée.
Mais c’est inutilement qu’il cherche à apaiser la douleur ; elle ne cesse que vers les deux ou trois heures du matin, après que l’accès a duré l’espace d’un jour et d’une nuit. Alors l’humeur peccante étant un peu digérée et dissipée, le malade se trouve soulagé tout à coup, soulagement qu’il attribue mal à propos à la situation où il a mis en dernier lieu la partie souffrante. Il lui prend ensuite une douce moiteur, et il se laisse aller au sommeil.
[…]
Peu de jours après, l’autre pied se trouve attaqué d’une douleur toute semblable, et avec les mêmes symptômes ; et quand elle est fort violente, il ne reste plus ni douleur, ni faiblesse au pied qui a souffert le premier, et il se trouve dans le même état que s’il n’avait jamais souffert.

Réf. : Thomas Sydenham, Traité de la goutte [1683], dans Médecine pratique de Sydenham avec des notes, trad. du latin par A. F. Jault, Paris, chez Didot le jeune, 1774, p. 444-445.
Anglais https://medecin-et-douleur-16e18e.huma-num.fr/en/excerpts

Introduction (Raphaële Andrault et Ariane Bayle, translated by Sarah Novak):
In 1683, the English physician Thomas Sydenham published a Treatise on Gout, a chronic illness from which he himself suffered for several decades. Here, he describes his symptoms and provides a typical portrait of the patient's condition. He insists that there is no visible trace left by the pain that “attacked the foot” only a few days before.

Text (Thomas Sydenham):
The pain is first gentle, but increases by degrees (and in like manner the shivering and shaking go off) and that hourly, till towards the night it comes to its height, accommodating itself neatly, according to the Variety of the Bones of the Trasus and Metatarsus, whose Ligaments it seizes, sometimes resembling a violent stretching or tearing those Ligaments, sometimes the gnawing of a Dog, and sometimes a weight. Moreover, the Part affected has such a quick and exquisite Pain, that it is not able to bear the weight of the Clothes upon it, nor hard walking in the Chambers. And the night is not passed over in Pain upon this account only, but also by reason of the restless turning of the part hither and thither, and the continual change of its Place. Nor is the tossing of the whole Body, which always accompagnies the Fit, but especially at its coming, less than the continual Agitation and Pain of the tormented Member: There are a thousand fruitless Endeavours used to ease the Pain, by changing the place continually, whereon the Body and the affected Members lie; there is no Ease to be had, till two or three a-clock in the Morning (a Night and a Day being spent from the first approach of the Fit) at which time the Sick has sudden ease, by reason there is a little digestion of the peccant Matter, and some discussion of it, tho he underservedly attributes it to that Position of the affected Part he used last. And now being in a breathing Sweat, he falls asleep. […] Within a few Days the other Foot will be in pain, as the former was; and if the former has left off aking, the Weakness which rendered it infirm, will presently vanish, Strength and perfect Health being so presently restored, as if it never had been out of order, if the Pain is violent in the Foot lately seized.

Ref: Thomas Sydenham, A Treatise of the Gout, in The Whole Works of that excellent practical physician Dr. Thomas Sydenham wherein… acute diseases are treated of…, 9th ed. by John Pechey, London, printed for J. Darby, A. Bettesworth and F. Clay, 1729, p. 343-344.
dcterms:language dcterms:RFC5646 français (fr)
dcterms:subject Douleur
histoire de la médecine
Goutte
Thomas Sydenham
Anglais Pain
Anglais history of medicine
Anglais Gout
Anglais Thomas Sydenham