Lettre de Jean Gaussen à Jean-François Séguier, 1778-08-07
[transcription] Monsieur,
J'ai appris avec le plus vif intérêt la perte que vous venés de faire d'un parent qui vous étoit cher. Tout ce qui vous appartient a le droit de m'intéresser particulièrement. Je fais les voeux les plus empressés pour votre conservation, et pour celle de toutes les personnes qui vous appartiennent, et je désire beaucoup d'apprendre que vous soiés parfaitement rétabli de ...l'indisposition que vous a causé le chagrin de cette perte.
Si vous ne voulés que lire les ouvrages de M. Van Swinden, gardés les, Monsieur, tout le tems nécessaire pour cela. Je n'en ai pas un besoin pressant; mais quand cela seroit, je trouverois cette privation peu fâcheuse puisque ce seroit contribuer à ce qui peut vous faire plaisir. Mais si vous voulés faire venir cet ouvrage, je vous dirai que je l'ai eu par la voie de M. Luneau de Boisjermain. Vous sçavés, Monsieur, que cet abbé, moteur du procès actuellement pendant entre quelques souscripteurs de l'Encyclopédie, p.re édition, et Le Breton et autres libraires associés pour l'impression de cet ouvrage, fait le commerce de la librairie, et s'engage à faire tenir par la poste, franc de port, et au prix des libraires de Paris, tous les ouvrages qu'on peut trouver chés eux. Si cela ne vous est pas connu, je vous enverrai un de ses prospectus.
Je vous suis très obligé des renseignemens que vous me donnés sur le voiage d'Ellis. Puisqu'il ne peut se trouver icy, je vais le faire venir de Paris.
Il y a bien apparence comme vous me le marqués, que c'est [fol. 65v] l'abbé de Sauvages, et non le Professeur, qui est l'inventeur du thermomètre dont parle M. Van Swinden. Il aura sans doute imaginé cette graduation pour l'éducation de vers à soie.
Je vous prie de vouloir bien m'envoier les voiages de G. Juan et Ant. De Ulloa et les vol. des Mémoria sopra la fisica etc. dont vous faites mention.
Les observations météorologiques que j'ai tirées du Journal économique sont pour les 6 premiers mois 1766. Si vous pouviés vousen avoir la suite, je vous serois très obligé de me la procurer.
J'ai vu les deux premiers vol. des mém. de la Société d'agriculture de Bretagne, et je vous demandais si vous sçaviés qu'il y en ait eu d'autres.
Je vous avois prié de me marquer si vous connoissés les principes sur lesquels sont construits les thermomètres dont se sont servis le P. Ximenes à Florence, M. Guglienzi à Vérone et M. Matani à Pistoie. Ce dernier dit que son therm. est celui de Réaumur, et je crois que les autres sont aussi divisés en 80° depuis la congélation jusqu'à l'eau bouillante. Mais ces therm. sont-ils de mercure ou d'esprit de vin? Le peu d'élévation où on les voit arriver me feroit croire qu'ils sont de mercure, et en ce cas ils ont porté très improprement le nom de Réaumur. Aiés la bonté, Monsieur, de vouloir bien m'éclaircir là-dessus autant qu'il vous sera possible.
Vous vous donnés trop de souci pour le montant des livres que j'ai achetés par votre ordre. L'objet est très modique, et ce remboursement ne presse ement. J'en parlai Je demandai il y a quelques jours à M. Scipion si M. Chabanel lui avoit marqué de me paier cette somme, il me répondit [fol. 66] qu'il ne lui en avoit point parlé. c'est sans doute un oubli de sa part, mais M. Scipion doit lui en écrire. Ainsi, Monsieur, que cela ne vous inquiète pas davantage.
Lorsque M. de Méjanes sera de retour à Arles, je vous prierai de vouloir bien emploier auprès de lui vos bons offices, pour me procurer divers ouvrages qui me seront fort utiles.
J'ai l'honneur d'être avec un respectueux attachement,
Monsieur,
Votre très humble et très obéissant serviteur
Gaussen
Montpellier 7 août 1778
[Traité des thermomètres, où il est parlé d'une nouvelle loi de la chaleur propre à mesurer la dilatation des liqueurs par M. Hennert. La Haye, Gosse, 1759. 8°]
[fol. 66v]A Monsieur
Monsieur Séguier
A Nismes